
Il a fallu que Chaïbia, encore jeune femme et jamais scolarisée, se saisisse d’une force d’esprit venant de l’intérieur pour aller à la rencontre de son destin propre et déstabiliser la phallocratie dominante de son temps. Elle a su façonner ses propres outils pour venir à la vraie lumière et lever le voile sur un Maroc différent, longtemps réduit au silence parce que pétrifié par une culture savante qui le dénigre et l’exclut. Plus encore, en développant une peinture spontanée, dépouillée de références et de cadres savants, Chaïbia secoue également les structures de la peinture de chevalet longtemps soumise aux règles de l’académisme. Curieux signe de l’histoire : les dadaïstes, les surréalistes et autres cubistes (son ami Alechensky notamment) ont dû eux faire un long cheminement pour enfin pouvoir échapper aux griffes de la peinture savante.
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