
Mimouni rêvait d’être archéologue, il devint peintre. En regardant toutefois de plus près on constatera qu’il ne s’agit que d’une simple bifurcation qui ne cesse de ramener le peintre vers cette même passion chevillée au corps, vive dans l’imaginaire et les gestes ; la traduction on la trouve dans le souci archéologique devant l’espace vierge de la toile, l’observation soignée de l’espace, la quête des palimpsestes, le déchiffrage des éléments qui le composent, les fouilles sereines des surfaces, l’agencement puis le décryptage avant la mise en forme finale. D’où cette esthétique de la légèreté (entendue dans le sens de Milan Kundera), qui se dégage de l’œuvre. Rien d’étonnant à ce que ce soit l’archéologie, considérée comme l’enfance de l’art, qui a rendu possible la découverte de l’inconscient. … Cette condensation de l’archéologie et de la peinture ouvre de multiples perspectives sur le plan de la pratique picturale et également sur celui de l’interprétation critique. L’œuvre de Mimouni reste à cet égard un champ exemplaire pour l’expérimentation et l’interprétation. Elle se laisse approcher par le biais de l’archéologique, convoquant les concepts de fouilles, aplats, niveaux, nivelés, relevés, débroussaillage, surfaces accidentées, que par le biais musicologique, avec les concepts de rythmes, cadences, élans, airs etc… La musique flamenca, notamment celle de Camaron de la Isla, se déverse avec abondance dans les gestes du peintre.
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